Nous avons la joie de nous rassembler devant cette grotte mariale pour célébrer la fin du mois du rosaire. Notre joie s’inscrit dans l’action de grâce pour tous les bienfaits reçus durant ce mois.
Et en ce jour qui est pour nous comme un jour de fête, nos yeux et notre cœur se tournent en premier lieu vers celle que nous appelons affectueusement, avec tendresse et confiance « Maman Marie ». Oui en réalité Marie est notre maman, notre maman du ciel, celle qui nous enfante à la vie du ciel, à la vie divine.
Mais si elle est notre mère c’est d’abord parce qu’elle est la mère de Dieu. En effet, si Marie n’était pas la mère de Dieu elle ne pourrait pas être notre mère. Nous avons, nous, une mère, chacun d’entre nous, et notre maman nous a accompagnés dans notre vie sur la terre. Cet accompagnement n’a peut-être pas été parfait mais nous comprenons que cela est lié aux limites de notre condition humaine. Marie est celle qui nous conduit jusqu’au Ciel et non pas seulement sur ce moment de notre vie que nous passons ici-bas. Elle est pour nous la Porte du Ciel.
Oui, Marie est vraiment la mère de Dieu parce que Jésus est vraiment le Fils de Dieu, engendré de toute éternité par Dieu, il a voulu prendre chair de notre chair, il a voulu vivre ce que chacun d’entre nous vit depuis sa conception jusqu’à la mort afin de pouvoir partager pleinement sa divinité avec chacun d’entre nous. Que nous puissions nous aussi devenir fils de Dieu comme il l’est lui-même selon la nature. Voilà pourquoi Marie est vraiment Mère de Dieu. Et si elle a été choisie parce qu’elle était bien sûr la plus belle, la plus extraordinaire des femmes (il n’y a pas à en être jaloux), c’est aussi parce qu’elle était capable d’accueillir la grâce de Dieu en plénitude.
Nous, nous faisons souvent obstacle à la grâce de Dieu pour une raison ou pour une autre, en Marie tout est réception libre dans l’amour. Et voilà pourquoi l’ange Gabriel quand il vient la voir l’appelle « pleine de grâce ».
Ce soir pour qualifier Marie je dirais qu’elle est l’instrument parfait entre les mains de Dieu. Nous savons l’importance de l’instrument pour tout musicien de renommé. Plus l’instrument est parfait et accordé, plus il permet au génie artistique du musicien de se déployer.
Dieu aussi avait besoin d’un instrument parfait, car Dieu s’exprime. Et justement il s’exprime dans son Verbe, alors il fallait bien que le Verbe puisse s’exprimer dans celle qui pourrait répondre parfaitement à ce qu’il est lui-même, car l’expression de Dieu ne peut être que dans la perfection de l’amour. Dieu ne s’exprime que dans la perfection de l’amour, et Marie est celle qui est totalement ajustée à cet amour de Dieu.
En Marie pas une fausse note, rien de dissonant, et voilà pourquoi quand je prie la Vierge Marie, comme vous, je ne prie pas Marie comme je prie Dieu, comme je prie Jésus, comme je prie l’Esprit Saint, non ! Je prie Marie parce que je lui confie ma prière. Parce que je sais que dans ma prière il y a toujours un peu d’égoïsme, un peu de vanité, et sans doute beaucoup d’approximation, alors je confie ma prière à Marie pour qu’elle l’ajuste à la volonté de Dieu. Voilà comment nous prions Marie.
Nous pouvons dire que Marie est le cadeau de Dieu, la bénédiction de Dieu pour chacun d’entre nous. Oui, c’est Marie, car Eve nous avait fermé les portes du Ciel, Eve a laissé le soupçon s’introduire dans son cœur quand le serpent est venu lui parler. Son ambition a été réveillée par le même serpent quand il leur a dit : « Vous serez comme des dieux ». Marie, elle, est l’humble servante qui peut être bénie par toutes les générations parce qu’elle nous ouvre les portes du Ciel. Elle est la première en chemin, comme nous le chantons si bien. Voilà pourquoi nous la suivons comme on suit une mère qui nous guide dans la vie et nous conduit jusqu’à la vie éternelle.
Ainsi, chacun de nous, et toute l’Église entière, devient Fils de Marie, elle est notre mère, nous pouvons nous confier à elle puisque c’est le Seigneur lui-même qui nous l’a donnée.
« Maman Marie, permettez que j’accomplisse en tout la volonté du Père, que nous puissions nous ajuster à cette volonté par la grâce de notre prière.
Maman Marie, apprenez-nous à écouter cette parole que vous dites à chacun de nous en désignant votre Fils : faites tout ce qu’il vous dira.
Amen.
Homélie du père Cléophas Bakhita,
Curé Modérateur de la paroisse universitaire de Lomé
Samedi, 31 octobre 2020.