Par Germaine K. ANATE
HUMILITE ! Combien de fois n’entendons-nous pas dire ou nous-mêmes ne disons pas de l’autre : il n’est pas humble du tout, ou bien sois humble si tu veux réussir dans la vie, si tu veux aller loin ? On aurait pu l’aider à se sortir de son pétrin, mais on l’a laissé se casser la figure parce qu’il n’écoute personne, il est trop orgueilleux, il manque d’humilité, etc…. Voilà un chemin ardu mais nécessaire et incontournable pour qui veut porter des fruits (de bons fruits), pour qui veut être élevé.
C’est une vertu appréciée, rechercher, recommandée. Elle est la clef qui ouvre les portes. Mais combien d’entre nous le sommes réellement ? Qui peut dire qu’il a réussi définitivement à cet examen de l’humilité ? D’ailleurs, le premier qui affirmera qu’il est humble a déjà échoué car, le jour où vous vous définirez comme humble, ce jour-là vous pouvez vous dire que vous être très loin de l’humilité et que vous avez plutôt embrassé son contraire, l’orgueil. Seul le Christ, vrai Dieu, vrai homme peut le dire et nous inviter à suivre ses instructions ; lui le Chemin à suivre, la Vérité qui nous éclaire, la Vie qui nous sauve. Oui, Lui, le Doux et Humble de cœur (Mathieu 11,29). Lui le Saint des saints, est le modèle par excellence d’humilité.
Philippiens 2, 4-8 : « …que chacun par humilité estime les autres supérieurs à soi. Ne recherchez pas chacun vos propres intérêts, mais plutôt que chacun songe à ceux des autres. Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus : Lui qui est de condition divine n’a pas revendiqué son droit d’être traité comme l’égal de Dieu. Mais il s’est dépouillé prenant la condition d’esclave. Devenant semblable aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur la croix …»
La parole de Dieu nous présente dans différents livres, de grandes figures qui ont vécu dans l’esprit d’humilité, des modèles à imiter, dont le plus grand est le Christ lui-même, Dieu fait homme. Mais nous avons aussi de nombreuses figures humaines, hommes comme femmes : Abraham, Moïse, Job, Jérémie, Déborah, Ruth, Jean-Baptiste, Mathieu, Anne, Elisabeth, Marie mère de Dieu, etc., etc. Sans oublier tous les saints et saintes de tous les temps.
Mais alors, c’est quoi l’humilité ? Comment elle peut consolider et féconder la mission de la femme dans l’église et au sein de la société ? Quelles sont les fruits de l’humilité, c’est-à-dire les valeurs et qualités qu’elle engendre ou nourrit ?
- Comment entendre le sens de l’humilité ?
L’humilité est présentée par Saint Augustin comme « le fondement de toutes les autres vertus ». Négligée par la plupart des hommes de notre époque, elle est pourtant expérimentée par les grands hommes en tant que fondement de toute relation à Dieu et entre les hommes. Surtout c’est celle que Dieu recherche d’abord chez l’homme.
Matthieu 18, 2-6 : «Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, et dit : Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux ».
C’est donc la clef qui ouvre la porte des cieux, qui donne accès au cœur de Dieu. Comme l’écrit l’apôtre Jacques, « l’humilité précède la gloire ».
Avec les grandes avancées scientifiques et technologiques, l’homme devient amnésique souvent. Il a tendance à oublier qu’il n’est qu’une créature qui ne peut jamais se substituer à son créateur, quel que soit le génie créateur dont le Créateur lui-même l’a doté. Cela s’appelle de l’orgueil, le contraire de l’humilité. Le grand écrivain Voltaire l’avait très bien perçu lorsqu’il définissait l’humilité comme « le contrepoison de l’orgueil ».
L’homme a aussi tendance à oublier sa finitude (il est poussière et retournera à la poussière). Ou alors, il tombe dans l’excès inverse : il perd le sens de la réalité, il sous-estime ce qu’il est (être créée à l’image de Dieu), s’enferme dans le doute total ou le pessimisme, etc. « Le doute de soi n’est pas l’humilité, je crois même qu’il est parfois la forme la plus exaltée, presque délirante de l’orgueil » écrit (Bernanos, Journal d’un curé de campagne)
Les dictionnaires de la langue française nous permettent déjà de bien appréhender le sens étymologique de ce mot du latin « humilitas » qui dérive de « humus » signifiant « terre » ; le mot homme lui-même dériverait aussi de « humus », nous rappelant l’origine de l’homme modelé à partir de la terre.
Attention, si l’humilité s’oppose à l’orgueil, à la suffisance, l’arrogance, elle n’est surtout pas synonyme de la dépréciation ou dévalorisation de soi (et encore moins des autres). Celui qui est humble, c’est celui qui a un regarde juste, réaliste sur les autres, sur soi, sur son identité, sa place, etc. il donne aux choses leur juste valeur, sans illusion. L’homme humble prend conscience de sa petitesse, de ses limites, de sa pauvreté devant Dieu, son créateur. Mais en même temps, il sait ce qu’il est, connaît la source de ce qu’il a (« il n’a rien qu’il n’a reçu de Dieu »), conscient des grâces reçues (entant qu’enfant de Dieu), et partant, il découvre son identité, sa responsabilité et sa mission.
L’humilité habille l’être tout en entier et le définit. Elle est la nature même du serviteur.
Car c’est l’être tout entier qui doit être revêtu et travaillé par l’esprit d’humilité. Alors seulement le chrétien-serviteur peut comprendre et vivre librement la grâce de s’abaisser devant Dieu et de se soumettre à ses lois. Il trouve le contentement et la paix dans l’obéissance à Dieu. C’est pourquoi nous trouvons dans la Bible le verbe revêtir ou habiller employer avec le mot humilité. Saint Pierre nous y invite dans ce sens : « … les jeunes, soyez soumis aux anciens : revêtez-vous tous d’humilité dans vos rapports mutuels, car Dieux résiste aux orgueilleux, mais c’est aux humbles qu’il donne sa grâce » (1Pierre 5,5).
Saint Paule ajoute : « … je dis à chacun de n’avoir de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun » (Romain 12, 3).
- Pourquoi nous devons être humbles ?
La Bible nous enseigne que c’est l’unique moyen pour trouver grâce devant Dieu et recevoir ses bénédictions, c’est la voie royale d’accès à la sagesse divine et de notre enfantement-élevation en Dieu. C’est la meilleure école pour apprendre à se décentrer, c’est-à-dire, à moins penser à nous pour accueillir Dieu et penser à nos frères.
Mathieu 23, 12 « quiconque s’élève sera abaissé, quiconque s’abaisse sera élevé »
Jacques 4, 10 « Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera »
Proverbes 11, 2 « Quand vient l’orgueil, vient aussi l’ignominie ; Mais la sagesse est avec les humbles ».
Au regard de ces versets bibliques et de bien d’autres, nous voyons que :
- L’esprit d’humilité c’est le commencement de la sagesse
- C’est le signe de la communion avec Dieu et de la bienveillance envers nos semblables
- C’est une attitude d’obéissance qui ouvre à la grâce de Dieu et à ses bénédictions
- C’est le manteau de la modestie qui protège et fortifie le serviteur de Dieu
- C’est la voie de la croissance spirituelle et de l’intimité avec Dieu
- C’est le chemin de la confiance et de l’adoration
- C’est la disponibilité et le sens du service : faire la volonté de Dieu
- C’est se savoir pécheur et le confesser : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dit seulement une parole et je serai guéris ». En prêtant attention à sa propre conversion, cela produit immanquablement la patience, la douceur et la tolérance. On est comme les autres, imparfaits ; nous pouvons nous tromper comme les autres… Et, c’est seulement quand tu auras enlevé la poutre qui est dans ton œil que tu pourras enlever la paille dans l’œil de ton voisin…
- C’est le renoncement à soi : accepter de ne pas être toujours vu et valorisée ; de ne pas toujours avoir raison ; accepter d’être parfois humiliée, ne pas être toujours consultées par nos responsables pour des prises de décisions, malgré notre grande expertise, accepter que nos merveilleuses idées ne soient pas comprises et ne soient pas acceptées par les autres, etc.
L’humilité apparaît dans les textes comme une prescription, une injonction qui nous inscrit dans une démarche où nous devons choisir d’être humble. Nous devons accepter d’imiter le Christ, notre modèle par excellence, par un travail permanent sur soi pour combattre l’orgueil et cultiver l’esprit d’humilité. C’est un combat nécessaire mais ardu que l’être humaine mène chaque jour jusqu’à la fin de sa vie. Mais on ne peut pas être humble uniquement par ses propres efforts, c’est pourquoi nous avons besoin de la grâce de Dieu et nous devons donc prier pour que le Seigneur nous fasse la grâce de mettre en nous son Esprit qui nous enseigne l’adoration véritable, la dépendance amoureuse qui ouvre la porte au bonheur du recevoir et du donner.
A présent voyons ce que nous apprend la vie la Servante du Seigneur sur le sens et les fruits de l’humilité, la Vierge Marie.
- Humilité et service
Humilité et service sont les deux faces d’une même médaille. Les deux réalités sont indissociables. Pour mieux servir les hommes, apprenons à d’abord nous mettre au service de Dieu qui saura comme nous utiliser pour de plus grands résultats.
Dans cette mission de service inhérent à la mission de la femme, cette dernière a fondamentalement besoin d’être transformée elle-même par la grâce d’abord afin de pouvoir entrer dans le plan et la vision de Dieu qui lui confie sa mission.
Donc il est très important qu’elle s’habille d’humilité et avance toujours dans l’humilité, consciente qu’elle est l’instrument de Dieu, le vase qu’il remplit pour que les autres puissent être nourris, elle est la servante du Seigneur au service de ceux qu’elle est appelée à enfanter. L’humilité devient alors le ferment et le socle de son être et de sa vie. Humilité, reste la voie royale pour entrer dans l’intimité de Dieu et pour être proche des autres.
Suivons la Vierge Marie qui nous enseigne mieux que n’importe quelle autre créature comme servir Dieu et les hommes avec et dans l’humilité.
- Marie, mère de Jésus, mère des hommes : de l’annonciation au Cénacle
En elle nous trouvons toutes les vertus, tous les fruits de l’humilité et du service. La mère de l’humilité, la Vierge Marie. Toute sa vie en témoigne à souhait.
Les grâces de l’humilité que la vie de la Vierge Marie nous donne à observer sont entre autres : la disponibilité et l’obéissance ; l’abaissement (ne pas se croire au-dessus des autres) ; la discrétion et l’écoute, la compassion et la charité ; la foi et la prière, la fidélité, la reconnaissance à Dieu…
Pour illustrer cela très rapidement :
L’annonciation, Luc 1, 26-38 « Je suis la servante du Seigneur » : l’humilité est la première marche pour monter, la clef de l’élévation… Cette qualité, Marie la gardera toujours, Mère de Dieu qu’elle est ! Elle ne se prendra jamais au sérieux, elle n’a jamais cherché à s’imposer aux autres ni à les écraser. Dans l’humilité, elle accueille sa mission (« qu’il me soit fait selon ta parole »). Ce qui implique une disposition d’esprit et de cœur : disponibilité à recevoir des instructions, à être sous l’autorité d’un autre qui vous forme, vous prépare. Elle entre alors dans l’obéissance totale : « qu’il m’advienne cela ta parole ».
L’humilité va de pair avec l’obéissance. Et l’obéissance est un fruit de la foi, de la crainte de Dieu. Or, « celui qui craint le Seigneur, accueille l’instruction » Siracide 32, 14.
Le serviteur, la servante obéissant(e) reçoit les instructions de son maître et marche selon l’ordre reçu, il ou elle se laisse guider. La Vierge nous montre qu’il s’agit bien d’une obéissance libre et non sous la contrainte : obéissance par amour et par conviction, dans une adhésion libre.
L’obéissance n’est pas de la soumission au sens au on l’entend généralement (au sens d’effacement ou de mépris), c’est une adhésion, un OUI à une parole-mission comme nous le voyons avec la Vierge Marie. Une acceptation donc de cette mission, une disposition totale à être au service d’une cause…
L’obéissance n’est pas synonyme de naïveté, encore moins d’aveuglement ou d’ignorance. Obéir c’est comprendre notre responsabilité et nos limites, et dire simplement, je m’abandonne, je me laisse guider, instruire, conduire à la source de connaissance, la source de Vie qu’est Dieu. L’obéissance est une vertu spirituelle une attitude d’acceptation et de disponibilité : disponibilité d’esprit et de corps. La désobéissance est fruit de l’orgueil et non de l’humilité.
Elle a éduqué son fils, elle l’a suivi et soutenu dans sa mission en toute discrétion, jusqu’à la croix. Partout où Jésus est, sa mère n’est pas loin. Encore aujourd’hui, elle poursuit sa mission de mère de l’humanité. Pèlerine infatigable. Il n’y a qu’à voire toutes les apparitions de la Vierges Marie, les instructions et enseignements qu’elle donne afin de nous inspirer, nous instruire et nous conduire à la vraie connaissance de Dieu, à la vie dans l’Esprit et dans la crainte de Dieu.
Attentive aux besoins des hommes, elle les guide et les instruits toujours : « faites tout ce qu’il vous dira ».
Elle prie avec et pour les apôtres dans le Cénacle, et elle continue d’intercéder pour nous, pour l’humanité…
L’attitude de Marie est forte et déterminante pour la faire entrer dans le plan divin. C’est une attitude de disponibilité, d’accueil et d’adhésion, fruit de l’humilité.
La fidélité est le fruit de la foi et de la confiance en Dieu qui ne déçoit jamais, qui est le même hier, aujourd’hui et demain, qui nous aime d’un amour inconditionnel. Cette disposition de l’homme, appelle automatiquement une attitude de reconnaissance et d’action de grâce.
Elle nous apprend ainsi qu’il n’y a pas de fausse humilité chez le chrétien. Il faut savoir récolter et apprécier les fruits sans fausse modestie et partager son bonheur, sa joie : la reconnaissance devient un levier, un tremplin pour demeurer dans le cheminement et aller toujours plus loin.
Présence discrète mais efficace de la mère de Dieu, de l’éducatrice, de la gardienne de la foi, de la Reine des apôtres …
Discrétion et silence nécessaires : première disciple du Christ, elle l’a suivi partout, elle a encouragé, formé, rassuré les apôtres dans la discrétion et le silence. Malgré tout le savoir qu’elle a reçu, elle qui est branchée sur Dieu dès le départ, elle qui est remplie de l’Esprit Saint, n’a jamais fait du bruit. Elle n’a réclamé aucun honneur….
Silence, et sourire. Même quand elle donne des instructions verbales, c’est en très peu de mots.
Par ailleurs, la mère de Dieu, ne reste pas chez elle comme une Reine pour que ce soient les autres qui aillent vers elle : elle est la première à aller vers les autres pour servir (la visite à Elisabeth), la première à devancer les attentes et les besoins des autres ‘ils n’ont plus de vin…) : l’esprit humble ne se vante pas, il est tourné vers autrui.
La visitation est une leçon de cette l’humilité opérante qui devient service. Dès l’annonciation Marie n’est plus n’importe qu’elle femme, c’est la mère de Dieu qui, pourtant, rend visite à Elisabeth.
Elisabeth était âgée et avait 6 mois de grossesse. Marie est allée lui porter assistance et est restée 3 mois (= 9 mois) donc jusqu’à l’accouchement de Jean-Baptiste.
Pour toucher ou aider les hommes, il faut savoir être proche d’eux, être avec eux dans toutes les situations : dans les moments d’allégresse ou de détresse. C’est cela le sens de la charité.
Etre servante du Seigneur, la mère du sauveur c’est être au service des hommes, de toute l’humanité. C’est pourquoi Marie court porter son aide à sa cousine Elisabeth enceinte dans sa vieillesse ; elle est attentive au besoin de son fils, des disciples, des mariés de Cana, etc. Elle ne vit que pour sa mission, apporter le Salut au monde… Elle vit tous les mystères de Dieu dans le silence de son intériorité, elle médite, prie. Elle accepte de souffrir le martyr avec son fils, pour que l’homme soit sauvé.
L’amour et l’humilité vous rendent disponible, attentif, compréhensif, compatissant, généreux….
Dans le récit des noces de Cana, comme dans celui de la visitation, l’amour agissant de Marie est à l’œuvre : « Ils n’ont plus de vin… ».
L’expression de cet amour se lit même dans les épreuves qu’elle partage avec son fils et avec les apôtres sur le chemin de la Passion et de la mort de Jésus.
Le chrétien doit faire l’expérience de la rencontre de Dieu comme Marie. Accueillir Dieu-Amour dans une rencontre-adhésion pour que la joie et la lumière de l’Esprit de Dieu brûlent en nous et déborde pour inonder les autres, déborde de nous pour se répandre, rayonner, habiter nos relations, notre entourage familial, professionnel, habiter nos maisons, nos églises, nos routes, nos entreprises, bref habiter le monde.
C’est cette extraordinaire expérience qui fera dire à Saint Paul « ce n’est plus moi qui vis mais c’est le Christ …. ».
Marie comblée de grâces déborde de charité, d’amour. Elle partage, communique cette joie à son entourage, à ceux qui l’accueillent. Elle se met au service des autres, se fait proche de tous (Cf le texte de la Visitation (Lc 1, 39) / et Les noces de Cana, Jn 2).
Marie en vivant pleinement sa propre mission ne pouvait qu’être inspirante pour son fils et pour ceux que son fils lui a confiés, les apôtres, et nous.
Comme elle a inspiré Jésus et les apôtres, elle continue à nous instruire et nous inspirer encore aujourd’hui, la Vierge Marie. Elle prend l’initiative quand il le faut : « faites tout ce qu’il dira ».
Georgette Blaquière commente bien cet aspect :
« Lorsque Jésus accomplit son premier miracle à Cana en Galilée, inaugurant ainsi sa vie publique, Marie sa mère était là et elle en fut la médiatrice : « Ils n’ont plus de vin… tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2, 3 ; 5). C’est par l’intercession de Marie que Jésus devance l’heure qu’il croyait ne pas être encore venue et, pour la première fois, « manifeste sa gloire ». A moins que la foi même de Marie ne soit pour lui l’annonce que « l’Heure est venue » ! ». Georgette Blaquière (La grâce d’être femme, p 145)
- En guise de synthèse : environnement pour cultiver et vivre les fruits de l’humilité
Etre disponible et accueillir sa mission c’est dire Oui comme Marie ; c’est obéir à Dieu : c’est-à-dire l’accueillir chez soi, dans sa vie comme guide et sauveur. C’est le point de départ pour créer les conditions favorables. C’est faire preuve d’une adhésion totale, d’une ouverture d’esprit et du corps.
La disponibilité est l’une des principales clefs de la croissance spirituelle. La disponibilité permet l’abandon et l’abandon favorise l’action de l’Esprit Saint, qui donne la vie dans l’humilité. C’est une réalité fondamentale de la croissance intérieure qui rend fécond et fécondant.
Par cette attitude, la femme chrétienne crée l’environnement favorable, les conditions nécessaires pour recevoir en elle le principe divin afin de s’en nourrir et le donner aux autres pour les faire grandir : le Christ-Amour…
L’esprit humble est compatissant, il ne se focalise pas sur les défauts des autres, il se met au niveau des autres pour les comprendre afin de les offrir à Dieu dans la prière
L’humble se décentre, s’oublie pour mieux penser aux autres dans un acte de don de soi et de charité. Il est en permanence branché sur Dieu pour accueillir ses instructions d’amour et de bénédictions pour notre vie, notre famille, notre travail, notre pays
L’Esprit d’humilité nous fait oser dans la foi, prendre l’initiative, agir sous l’onction de l’Esprit : c’est en étant branché sur Dieu que le serviteur trouve la force et l’inspiration indispensables à sa mission
Marie est toujours à l’écoute de Dieu et des hommes depuis la nuit des temps. Marie n’a jamais été centrée sur elle-même. Elle est centrée sur Dieu et sur l’homme. Par l’écoute active elle accueille la parole de Dieu et entre dans la Vision, la Volonté divine, dans le plan divin. Par l’écoute active elle reçoit les révélations de l’Esprit-Saint et est attentive à la mission qu’il lui confie. Par l’écoute active elle entend et comprend les besoins de l’homme et intercède pour lui (depuis Cana jusqu’aujourd’hui). C’est le modèle parfois pour nous les femmes de tous les temps.
Enfin, disons pour finir que l’humilité, est certes un chemin difficile mais un cheminement nécessaire et permanent sur lequel il nous faut pourtant rester afin que le Seigneur nous utilise et nous élève dans le service et vers la sainteté.
L’humilité donne une force intérieure insoupçonnée et vous fait changer de paradigme, de perception et de perspective.
Pour faire de grandes choses, on n’a pas besoin de célébrité. Même dans la discrétion, il y a de nombreuses femmes qui jouent un rôle majeur dans l’église et dans le monde par leur capacité à éduquer, à sauvegarder la vie, à apporter la paix, à compatir aux souffrances d’autrui, à soutenir matériellement et par la prière pour les consacrés, à intercéder pour leurs enfants, etc.
L’humilité dispose à la croissance humaine et spirituelle pour féconder l’action, la charité et le service social.
Retenons pour finir que chacun peut cultiver l’humilité et le service des autres :
- En apprenant à s’abaisser par l’obéissance
- En sachant accepter les grâces reçues de Dieu mais aussi notre petitesse et nos limites
- En étant disponible et ouvert : disponibilité du cœur et de l’esprit pour accueillir
- A l’écoute des autres / être attentif
- En expérimentant la compassion
- En vivant la charité
- En vivant dans la crainte de Dieu / vie de foi
- En restant fidèle à ses commandements
- En cultivant la paix et la joie
Celui que nous avons reçu et accueilli, nous transforme et nous rend fécondes par son Esprit Saint. Oui Seigneur je m’abandonne à toi. Viens modeler chaque élément de mon être, comme l’argile dans les mains du potier. Façonne-moi, purifie-moi au feu de ton esprit d’amour, habille-moi de la grâce de l’humilité afin que je devienne digne de t’aimer et capable d’aimer mon prochain. Que je sois entièrement pétrie de toi, de ton amour, de ta lumière, Dieu-Miséricordieux, Dieu puissant, doux et humble vient à mon secours. Et que, par l’intersection de Marie, (Tabernacle de Dieu), nous puissions exceller dans la relation à Dieu, afin d’exceller dans notre mission et dans la relation avec les hommes. Amen !